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Le blog de Koala
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  • C'est un blog et dessus... hé bien je mets des trucs qui me concernent, ou qui me consternent, ça dépend des fois. des trucs de trans mais pas que. Des poèmes mais pas que. Des trucs de couture mais pas que. Bref plein de trucs. Avec des smileys koalas.
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11 mars 2013

Des féministes transphobes

Il y aurait beaucoup à dire sur la place des trans dans le féminisme. C'est un vaste sujet, comme la place d'autres populations dominées dans le féminisme (par exemple la place des non-blanc-he-s ou la place des prolos) et je ne suis pas sûre qu'un seul article suffise.
Dans ce texte je vais m'intéresser à la transphobie de certain-e-s féministes.
En effet comment les trans peuvent trouver une place dans le féminisme si certain-e-s féministes les rejettent en refusant de reconnaître l'identité de ces trans.

Il y a peu Prose a eu un tweet attirant mon attention. Si j'ai bien compris c'était au sujet de deux choses.
D'abord l'article Wikipedia sur Brandon Teena qui parlait de lui au féminin (corrigé par Alda).

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Mais ça concernait aussi ce texte dans lequel la transidentité de Brandon Teena passe à la trappe. Voilà ce qui est dit au sujet de Boys don't cry, film retraçant la vie de Brandon Teena :
« Il faut savoir que ce film retrace l’histoire vraie d’une femme punie par deux hommes pour avoir adopté un mode de vie d’homme. Ils l’ont d’abord violée et rouée de coups, et, après sa plainte qui n’aboutît pas, ils l’ont traquée et tuée. Dans le film, on voit sa poitrine pendant son examen par le médecin légiste, après son viol aggravé. »
Je vais être honnête, je n'ai pas lu cet article.
D'une part à cause de la mauvaise fois dans ce résumé du film Boy's don't cry. Si j'ai bien compris ce texte dénonce le sexisme lors des oscars, l'utilisation d'images avec des actrices dont on voit les poitrines et d'une chanson ("We saw your boobs") pour un slut-shaming gerbant (pléonasme). Pas de problème mais pourquoi déformer l'histoire de Brandon Teena?
Dire que Brandon Teena était un FtM n'enlève rien au slut-shaming qui a eu lieu lors de cette cérémonie. Et cela n'enlève rien au caractère sexiste de l’agression de Brandon Teena.
Imaginons que le texte ait dit ça :
« Il faut savoir que ce film retrace l’histoire vraie d’un trans puni par deux hommes pour avoir adopté un mode de vie d’homme alors que né femme. Ils l’ont d’abord violé et roué de coups, et, après sa plainte qui n’aboutît pas, ils l’ont traqué et tué. Dans le film, on voit sa poitrine pendant son examen par le médecin légiste, après son viol aggravé. »
Il n'y a pas de frontière claire entre sexisme, homophobie ou transphobie. Le meurtre de Brandon Teena touche aux trois. Considérer Brandon Teena comme une femme revient à nier et sa transidentité, ça revient à dire qu'il n'y a une seule grille de lecture, celle du sexisme et au final à ignorer le caractère transphobe de son agression et de son meurtre.
On peut penser que l'autrice de ce texte n'était pas au courant de la transidentité de Brandon Teena et que cet oubli est involontaire. Alors pour quelle autre raison ne pas avoir lu ce texte?
Ma réponse tiens dans le titre du site-blog, "Féministes radicales"

 

Les féministes radicales des féministes transphobes ?

Alors autant le dire c'est des choses avec lesquelles j'ai un peu de mal.
Je ne sais pas si je l'ai déjà dit mais je ne comprends pas grand chose aux histoires de vagues et courants féministes (pour être franche ça me fait surtout penser à du surf).
Certain-e-s viendront surement dire que du coup je ne suis pas (vraiment) féministe, qu'il faut avoir lu tels livres, avoir assimilé tels concepts, avoir un certain bagage intellectuel, une formation qui ne serait disponible qu'à certain-e-s car voyez-vous "le féminisme c'est comme le marxisme ça s'improvise pas". Manque de chance je ne suis pas féministe universitaire (ni marxiste universitaire). Je suis féministe pour pécho (c'est une private joke), je suis féministe sans permis mais surtout  car cela me fout en rage d'être traitée en inférieure car "meuf" (et je suis communiste-libertaire plutôt que marxiste).
Je pourrais vous raconter comment je suis venu au féminisme mais ce sera pour une prochaine fois. Il y a eu des lectures, des discussions mais aussi (n'en déplaise à certain-e-s) du tâtonnement et de l'improvisation.

Du coup comment parler de choses que je connais peu?
Je pense que je vais improviser et tâtonner (comme souvent). Après tout c'est ma façon de fonctionner.

 

Cathy Brennan "Mon féminisme qui dit que pénis = mâle" :

Cathy Brennan est une attorney (je ne sais quel est la meilleure traduction de ce mot, avocate ou procureuse) et RadFem (féministe radicale) américaine.
Pourquoi commencer par parler d'elle?
Car elle est un peu LA féministe transphobe.

Sans titreJe suis sûre que "mon féminisme" du "pénis = mâle" a du sens pour 99% de la planète. Mais savourez votre élitisme occidental.

Sans titreChèr-e trans femmes/hommes - C'est légal d'être en désaccord avec vous. C'est aussi légal de se moquer de vous. C'est AUSSI légal de montrer votre comportement violent. 

Qu'est-ce que ses deux tweets nous apportent en plus?
A vrai dire pas grand chose.
Le premier tweet est une réponse à l'un des miens. Énervée de voir Cathy Brennan "troller" une MtF critique envers le féminisme radical je lui ai dit qu'elle était transphobe et que son féminisme était une blague (je reconnais ne pas avoir fait preuve de maturité). Elle m'a répondu par le tweet ci dessus dans lequel elle dit que son féminisme a du sens pour 99% de la planète avant de m'accuser d’élitisme occidental (puis en me disant de dire à cette femme qu'elle était transphobe [quelques réponses à ce tweet]). Cathy Brennan oppose donc son féminisme, qu'elle présente comme universel aux questions trans qu'elle présentent comme "élitisme occidental". Mais ce n'est pas si simple, il existe des alternatives à la binarité de genres dans des cultures non-occidentales. Présenter ces alternatives en disant qu'il s'agit de trans m'est impossible, même en parler comme transidentités (au pluriel) est délicat. Je suis de culture occidentale, ma vision des (trans)identités de genre est imprégnée par cette culture et rapporter ces alternatives non-occidentales à ma vision d'occidentale serait justement de l'élitisme occidental. Par contre, en disant que son féminisme "pénis = mâle" a du sens pour 99% de la planète (et en utilisant la situation d'une femme africaine à des fins transphobes) Cathy Brennan fait preuve de cet "élitisme occidental" dont elle m'accuse.
Dans son second tweet Cathy Brennan dit qu'il est légal de ne pas être d'accord avec les trans, de se moquer des trans et de montrer le comportement violent des trans. Effectivement c'est légal, c'est ce qu'on appelle la liberté d'expression. Mais la liberté d'expression c'est aussi la liberté de répondre aux insultes, nous avons le droit de critiquer la transphobie de certain-e-s féministes, nous avons le droit de nous moquer des féministes transphobes et nous avons le droit de signaler les comportement violents de féministes transphobes. La liberté d'expression est un grand pouvoir et un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. Brandir la liberté d'expression pour échapper aux responsabilités que peuvent impliquer certains propos revient à considérer que cette liberté ne fonctionne que dans un sens et est au final nuisible pour cette liberté.

Mais à part apprendre que certain-e-s RadFems font preuve d'une violente transphobie cela ne nous apporte pas grand chose.
Est-ce que c'est un cas plutôt isolé ou non?
Est-ce que la transphobie est quelque chose de courant dans ce courant?
Peut-on aller jusqu'à dire que le féminisme radical est un féminisme transphobe?

 

Michèle Dayras, femmes XX et "femmes" XY :

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"Je suis une femme XX! Non, je n'ai jamais fait vérifier mon caryotype. Et alors?"

Mon anglais est trop mauvais pour que je fasse une analyse complète des propos de Brennan ou d'autres RadFems américaines pour trouver des éléments de réponse.
Heureusement la France n'est pas en reste de féministes transphobes et ici je vais vous parler de Michèle Dayras, présidente de SOS-Sexisme.

J'ai découvert cette féministe via le texte Les nouveaux droits des femmes XX et des "femmes" XY.
Ici je ne parlerais que de transphobie de ce texte, donc le second point "Nos ministres se sont distinguées par leurs actions envers les transXY"

 

« Madame Roselyne Bachelot-Narquin, alors Ministre de la Santé, a cédé la première aux groupes de pression masculins, en sortant le transsexualisme de la liste des affections psychiatriques, par un Décret publié le 10 février 2010 au Journal officiel. »

Pression de groupes masculins?
Les choses sont claires, pour la doctrice Michèle Dayras les militant-e-s des droits des trans sont des groupes de pression masculins.
Je me demande si je vais vraiment pouvoir aller plus loin en fait. Je pense que cette assimilation des militant-e-s trans aux lobbys masculinistes est assez écoeurante pour que j'arrête là. Faut-il vraiment aller plus loin pour voir la transphobie de Michèle Dayras?

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Oui bon c'est moi sur une grue mais promis, je ne suis pas masculiniste.

Bon, je vais essayer de poursuivre, ça risque d'être assez difficile (j'ai déjà les larmes aux yeux) mais cette critique des textes de Michèle Dayras est nécessaire. 

« "La France est le premier pays au monde" à "supprimer la transidentité de la liste des maladies mentales" concède ‘l‘International Day Against Homophobia and Transphobia, alors qu’un psychiatre de l’hôpital Sainte-Anne de Paris se dit étonné que "des politiques se prononcent sur une affaire en grande partie médicale." (Quotidien du Médecin) »

Même si Michèle Dayras ne dit pas ouvertement qu'elle perçoit les trans comme des malades c'est ce qu'on peut percevoir dans ce paragraphe. Les politiques n'auraient pas à se prononcer sur cette question qui serait "une affaire en grande partie médicale". D'autant que plus loin dans le texte Michèle Dayras souligne le fait que Michelle Alliot-Marie n'est pas médecin.
La doctrice Michèle Dayras considère-t-elle que le politique n'a rien à voir avec le médical (et vice-versa)?
Pourtant, en tant que féministe, il me semble clair que le médical est politique.
Par exemple l'accès aux contraceptions ou à l'IVG c'est du médical mais c'est aussi du politique. C'est sur le terrain politique que les femmes ont combattu (et combattent toujours) pour un droit aux contraceptions et à l'IVG libres et gratuits. Comment peut-on ignorer ça quand on est féministe?
Je ne nie pas le fait que Michèle Dayras soit féministe (se serait gonflé venant de la féministe sans permis que je suis). En fait j'ai peur qu'ici Michèle Dayras n'ait pas pensé plus loin que le bout de sa transphobie. J'ai peur qu'elle ait sauté sur l'occasion sans réfléchir au fait que cet argument du "laissons les médecins gérer le médical" pouvait être utilisé à des fins anti-féministes.

 

« Malgré cette avancée législative, d’autres engagements semblaient nécessaires à l’association ‘InterTrans’. Il fallait "que la France renonce enfin aux stérilisations forcées, seule façon aujourd’hui pour une personne trans d’obtenir un changement d’état civil".
Aussi notre Garde des Sceaux de l’époque, Madame Michelle Alliot-Marie -qui n’est pas médecin- a-t-elle indiqué dans la ‘Circulaire du 14 mai 2010 relative aux demandes de changement de sexe à l’état civil’ : «Vous pourrez donner un avis favorable à la demande de changement d’état civil dès lors que les traitements hormonaux ayant pour effet une transformation physique ou physiologique définitive (…) ont entrainé un changement de sexe irréversible, sans exiger pour autant l’ablation des organes génitaux.» La prescription hormonale permet donc, désormais, le changement d’identité en l’absence d’acte chirurgical. »

Un point d'information que j'ai oublié avant. On nous dit qu'en 2010 la transidentité a été "supprimée" de la liste des maladies mentales, ce n'est pas exacte. Ce qui s'est passé c'est que transsexualisme a été retiré de la liste des affections longues durées remboursée par la sécurité sociale (ALD 23, affections psychiatriques longue durée) ce qui a entraîné un déremboursement des traitement hormonaux (heureusement les trans peuvent être remboursées via l'ALD 31 hors liste). A part ça elle n'a pas changé grand chose l'avancée législative dont parle Michèle Dayras, quand je suis allée voir un endocrinologue pour suivre un traitement hormonal il a voulu m'envoyer vers les psys expert-e-s de la SoFECT, si je veux aller jusqu'à la vaginoplastie il me faudra l'avis d'un psychiatre, même pour le changement d’état civil l'avis d'un psychiatre est nécessaire. Ah oui, il y a une nuance, avant les psychiatres devaient diagnostiquer notre transsexualisme en tant que trouble psychiatrique (lire maladie mentale) alors que là ils et elles doivent diagnostiquer que nous n'avons pas d'autre trouble psychiatrique (lire maladie mentale) que le transsexualisme (ou syndrome Benjamin, ou dysphorie de genre, ou vas-y-que-j'te-trouve-un-mot-pour-dire-que-tu-es-malade).
Revenons à la critique du texte.
La circulaire du 14 mai n'a pas changé grand chose, la politique de castration obligatoire des trans existe toujours. Pour les MtF ce sont les psychiatres d'équipes dites officielles qui ne donnent leur accord pour l'hormonothérapie qu'à condition de vouloir aller "jusqu'au bout" (c'est à dire la ré-assignation sexuelle),  des traitements hormonaux avec des castrateurs chimiques et un changement d'état civil complet qui est plus simple si vaginoplastie (cf différents arrêts de la cour de cassation annulant des changements d'état civil quand il n'y avait pas changement de sexe). Pour les FtM je suis un peu moins informée mais il me semble que les choses sont simplifiées si le trans accepte l’hystérectomie  Donc, contrairement à ce que Michèle Dayras nous dit ici la prescription hormonale ne permet pas (encore) le changement d'état civil, si tel était le cas ce serait une vraie avancée pour les trans hélas nous n'en sommes pas encore là.

« Les femmes qui envisagent une transformation -elles sont peu nombreuses, bien que ce choix les propulse dans la catégorie des privilégiés- acceptent au moins la mastectomie, pour améliorer leur aspect final. Ce dernier dépend, essentiellement, des interventions chirurgicales successives qui reconstitueront un ‘membre phallique’, rendu artificiellement fonctionnel. »

J'aimerais connaître les sources de Michèle Dayras pour nous dire que les FtM sont peu nombreux. Je pense qu'elle veut dire qu'ils sont peu nombreux par rapport aux MtF, possible (et même probable) mais on pourrait se questionner sur ce petit nombre (par exemple est-ce lié au peu de visibilité des FtM par rapport aux MtF). Pour Michèle Dayras le choix d’entamer une transition propulse les trans dans la catégorie privilégiés, si on ne regarde que par rapport au sexisme on peut dire qu'elle a en partie raison (et encore, ils seront privilégiés tant qu'ils seront perçus comme hommes cisgenres, l'histoire de Brandon Teena montre que ce privilège peut ne pas tenir longtemps quand la transidentité d'un FtM est connue) mais il existe d'autres rapports de domination que le sexisme.
Pour le reste je ne comprends pas trop le propos de Michèle Dayras. D'abord pourquoi nous dit-elle que les FtM acceptent au moins la mastectomie?
J'ose espérer qu'elle ne compare pas la vaginoplastie à la mastectomie mais vu ce qu'elle dit précédemment j'ai comme l'impression qu'ici elle nous dit "les FtM acceptent de se faire couper les nichons alors les MtF pourraient accepter de se faire couper la bite". Et après elle revient sur l'appareil génital en parlant phalloplastie (création d'un phallus , du coup je suis un peu perdue.

« Comment Madame Alliot-Marie peut-elle écrire que les thérapeutiques hormonales, fussent-elles les mieux ciblées, transformeront un homme en femme au plan physiologique ? Quant à la métamorphose physique qui laisse en place verge et testicules, elle est offensante pour les femmes.
Le transsexualisme concernant essentiellement le sexe masculin, nous aurons bientôt la prérogative de côtoyer, dans les lieux réservés à la gent féminine (toilettes, chambres d’hôpital, auberges de jeunesse, etc.) des personnes -enregistrées comme ‘femmes’- porteuses de sexes d’hommes (un peu rabougris certes, mais il y en a d’autres en compétition !), dont elles auront été incapables de se détacher psychologiquement et de se dépouiller physiquement. Est-ce ainsi qu’ils>>>elles conçoivent leur intégration au féminin ? »

On retrouve ici d'une part le mépris/dégoût que j'ai pu rencontrer chez le premier endocrinologue que j'ai vu (une femme avec un pénis -frisson d'horreur) d'autre part un élément récurent chez les féministes transphobes, les MtF auraient pour unique but d'infiltrer les espaces non-mixtes avec leur bite ostensiblement présente. Alors ça fait longtemps que je ne l'ai pas dit mais JE N'AI PAS POUR HABITUDE DE MONTRER MON APPAREIL GÉNITAL EN SOCIÉTÉ (ça vous a manqué?).
Suite à l'information selon laquelle Berlin pourrait se doter de toilettes unisexes je me suis retrouvée à parler toilettes sur Twitter. Du fait qu'à cause de mon physique féminin je ne me sentais pas en sécurité dans les toilettes pour hommes, je me sens un peu plus en sécurité dans des toilettes réservées à "la gent féminine" (même si j'y ai déjà été mal reçue) et au final je préfère les toilettes isolées. Est-ce ça se que Michèle Dayras souhaite pour les MtF sans vaginoplastie?
L'isolement?
Etre mises à l'écart, peut-être porter un signe distinctif pour signaler que nous avons un pénis. Si nous n'acceptons pas d'être intégrées au féminin comme elle le souhaite devons-nous être "désintégrées" de la société?
Et sait-elle que même les trans souhaitant la vaginoplastie doivent vivre "au féminin avec un sexe d'homme" plusieurs années avant l'opération?
On peut s’interroger sur la formule "se dépouiller physiquement" du sexe masculin concernant la vaginoplastie, j'avoue que ça me donne l'impression qu'on coupe le pénis pour ne rien laisser. Moi ça me renvoi à une vision de la femme comme celle qui n'a pas de pénis, les mots sont importants et ici j'ai vraiment l'impression que pour Michèle Dayras la vaginoplastie consiste d'avantage à ôter le pénis plutôt qu'à en faire un néo-vagin. Et pour ce qui est de me détacher psychiquement de mon sexe je pense que je n'ai pas de leçon à recevoir de Michèle Dayras, contrairement à ce qu'elle semble penser ma vie n'est pas axée sur cette partie de mon corps.

 

« Si l’hormonothérapie n’est pas associée à une castration physique -avec reconstitution d’un vagin- aucune ‘femme’ XY ne se présentera sous un aspect extérieur proche de celui d’une femme XX. Pour cette raison, les TransXY veulent supprimer la mention de ‘sexe‘ et la remplacer par celle de ‘genre’ sur les papiers d’identité. »

Notons encore une fois que la castration physique passe avant la reconstruction d'un vagin. Notons aussi l'emploi de guillemets pour parler de "femme" XY, comme lorsqu'elle utilise le masculin. Et on a un autre point exhibitionsime, dire qu'aucune trans "ne se présentera sous un aspect extérieur proche de celui d'une femme XX" c'est résumer cet aspect extérieur au sexe et... vous connaissez la suite?

Rappel
Ce bon "la bite ne fais pas le genre" peut être réutilisé.

 

« C’est aussi le raisonnement du Docteur Camille Cabral qui estime que la France, comme l’Espagne depuis 2003, doit admettre que l’état civil renvoie à l’identité du ‘genre’ et non à l’appareil génital : "Moi, je ne veux pas être émasculé mais mon identité est féminine." (Quotidien du Médecin). On comprend que le simple quidam se perde un peu dans cette sémantique à variables multiples… »

Michèle Dayras a écrit un texte où elle critique la non-féminisation de son titre. Ici elle parle de Camille Cabral, une femme trans, au masculin (mais bon après ce qu'on a lu plus haut ce n'est pas étonnant).
Michèle Dayras comprend que le "simple quidam" se perde dans tout ça. Mais qui est Michèle Dayras?
Une doctrice, une femme diplômée  une féministe, elle est censée avoir un minimum de culture. Je ne pense pas qu'elle se considère comme une simple quidam. Et si le simple quidam se perd sur les questions de sexisme, s'il a du mal à comprendre, que fera Michèle Dayras?
Encore une fois Michèle Dayras utilise un argument dangereux pour la cause qu'elle défend. Le "simple quidam" (on ne m’enlèvera pas de la tête qu'ici il y a un certain mépris de classe de la part de Michèle Dayras) se perd sur les questions trans du coup ils ne faut pas améliorer la condition des trans en France, mais si ce même quidam était perdu sur les questions féministes faudrait-il ranger notre militantisme au placard?

 

« "Se sentir et se dire femme" tout en gardant ses attributs masculins -lesquels apportent supériorité, prééminence, privilèges et pouvoir dans nos sociétés- deviendra alors, la singularité et l’originalité de cette version moderne d’humains XY, sortie tout droit du cerveau des endocrinologues avec la bénédiction des politiques. »

Vous vous souvenez quand Michèle Dayras parlait des FtM, elle disait que leur transition les projetait du côté des privilégiés. Du coup on pourrait croire que les MtF se retrouvent projetées du côté des dominées?
Et bien non, d'après elle notre pénis nous permet de garder nos privilèges. Les femmes trans seraient privilégiés. Bizarre mais en tant que femme trans j'ai du mal à percevoir ces privilèges. Je morfle car femme, je morfle car trans mais bon je suis peut-être trop mal placée pour voir qu'en fait je suis trop privilégiée car j'ai une bite (si tu es une femme cisgenre et que tu veux m'expliquer à quel point je suis privilégiée en tant que femme trans tu peux toujours m'écrire ici)?

 

« Alors que la référence au sexe traduit une réalité universelle, et que la Commission générale de terminologie et de néologie, dans ses recommandations sur les équivalents français du mot ‘gender’, précise : "(…) le mot sexe et ses dérivés sexiste et sexuel s’avèrent parfaitement adaptés dans la plupart des cas pour exprimer la différence entre hommes et femmes, y compris dans sa dimension culturelle, avec les implications économiques, sociales et politiques que cela suppose.*", cette nouvelle version ‘genrée’ de l’être humain, loin d’éclaircir, d’améliorer et de parfaire l’étude de l’oppression des femmes (XX) par les hommes (XY), met en place un monde identitaire totalement artificiel et falsifié, qui embrouille les pistes, entraîne désordre et confusion des esprits, et réduit à néant l’efficacité et la portée des combats féministes.
Quand les transXY investissent le ‘genre’, les luttes des femmes pour leurs droits deviennent invisibles, inopérantes et obsolètes. Et le sexe masculin -assumé ou non, castré ou pas, mais toujours conquérant- sort triomphant et gagnant de ce mélange des genres.
***
NDLR
* "La substitution de ‘genre’ à sexe ne répond donc pas à un besoin linguistique et l’extension de sens du mot ‘genre’ ne se justifie pas en français. Dans cette acception particulière, les expressions utilisant les mots ‘genre’ et à fortiori l’adjectif ‘genré’, ou encore le terme ‘sexospécificité’, sont à déconseiller."
L’homosexualité ne doit jamais être considérée comme pathologique. A l’instar de l’hétérosexualité, ou de la bisexualité, elle est innée donc respectable.
L’homme qui désire devenir femme doit pouvoir y parvenir, s’il souhaite intensément ce changement. Pour une meilleure intégration sociale et sociétale, son aspect physique extérieur doit être conforme -dans la mesure du possible- au sexe qu’il a choisi.»

Pour appuyer son opposition au "gender" (vous savez le grand vilain monstre de film d'horreur dévorant le coeur de bébé phoques) Michèle Dayras reprend un texte de la commission générale de terminologie et de néologie expliquant qu'en France cela ne se justifierait pas. Cette commission compte quinze membres, deux femmes et treize hommes, elle travaille en lien avec l'Académie Française qui est tout sauf progressiste sur la féminisation du langage et des noms de fonction (exemple ici).
Pour Michèle Dayras les trans et leurs revendications sont ennemi-e-s du combat féministe. Elle considère que seules ce qu'elle appelle les femmes XX peuvent être opprimées par le sexisme et que les oppresseurs sont les hommes XY, hors depuis le début du texte elle appelle les MtF 'femmes' XY ou transXY elle prend même soin d’ajouter à la fin que castrée ou non nous sommes toujours dominantes, que nous sommes et serons toujours dans le camps des oppresseurs, que nous sommes et resterons des hommes à ses yeux.
Je pense que vous pouvez facilement imaginer ma colère (sinon sachez que j'ai un couteau à la main et que je le passe contre mon bras pour éviter de hurler). Michèle Dayras tient des propos similaires à ceux que tenaient Bernard Debré ici, XX = Femme et XY = Homme.

 

Mais ce n'est pas le seul texte transphobe de Michèle Dayras (quand il n'y en a plus, il y en a encore). Le second est un texte qui parle d'une chose horrible : "LE GENDER"

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Punaise ça fait peur ce truc.

Ce texte s'intitule Le "Gender" à l’américaine - Un verbiage qui noie la réalité du pouvoir patriarcal et a été publié sur le site Sisyphe. On peut s’interroger sur la responsabilité de Sisyphe quant à la publication des textes de Michèle Dayras. Leur site est un site militant, avec une ligne éditoriale et des prises de position qui le rapproche des mouvements RadFems. En publiant ce texte Sisyphe se fait le relais de propos transphobes. Ça veut dire qu'au mieux Sisyphe ne condamne pas les propos transphobes et qu'au pire il les encourage.

 

« La théorie du ‘gender’ est prônée, en France, par les homos, les bi et surtout par les transsexuels, mais aussi par de jeunes féministes qui militent dans des groupes mixtes, (notre pays est le seul où des femmes luttent contre l’oppression masculine, avec les oppresseurs), et par des universitaires qui se veulent ‘branchées’. »

Vous avez pas tourné de l'oeil j'espère?
Car je vous rassure ça ne fait que commencer. Donc Michèle Dayras nous dit que la "théorie du gender" serait un truc prôné par les homos, les bi-e-s et surtout LES TRANS, par des féministes (mais des JEUNES -de celles qui militent en groupes mixtes), et par des universitaires "branché-e-s". Et alors?
Je veux dire quand bien même cela serait vrai est-ce que ça invalide les études de genre?
Ici on a une tentative pour invalider les études de genre en pointant du doigt celles et ceux qui les défendraient  un peu comme quand certain-e-s tentent d'invalider le féminisme en disant qu'il s'agit d'un truc défendu par de vieilles bourgeoises blanches.
Ce que dit Michèle Dayras nous avons pu l'entendre sous de multiples formes lors des "débats" sur l'ouverture du mariage et de l'adoption aux personnes de même sexe, venant des opposants aux projets de loi. La "théorie du gender" arme des militant-e-s LGBT, des féministes (ici juste les jeunes qui militent avec l'homme-oppresseur) et des bobos (ici les universitaires "branché-e-s").
Si toi aussi ça commence à faire mal dans ton féminisme tu peux aller directement à la suite et t'épargner la lecture d'une féministe comme Michèle Dayras (ait juste une pensée pour moi qui vais continuer)

 

« La Commission de Terminologie et de Néologie écrivait en 2005 : « (…) La substitution de “genre” à sexe ne répond donc pas à un besoin linguistique et l’extension de sens du mot “genre” ne se justifie pas en français. Dans cette acception particulière, des expressions utilisant les mots “genre” et a fortiori l’adjectif “genré”, ou encore le terme “sexospécificité”, sont à déconseiller. »
Mais les choses ont bien changé depuis. J’ai eu l’occasion de diffuser, récemment, deux articles dénonçant cette nouvelle formulation appelée ‘le genre’ :
Genre et Sexe : ce qui n’est pas nommé n’existe pas [Note de Koala : Texte n'apportant pas grand chose, à part une petite négation du racisme]
- « Les nouveaux droits des femmes XX et des ’femmes’ XY » [NdK : Bon bah ça on l'a déjà lu.]
Les transexuels viennent d’obtenir le droit d’être considérés comme appartenant au sexe opposé - ce qu’ils appellent : le ‘genre féminin’- sans castration chirurgicale, sans vaginoplastie, sans prothèses mammaires et sans hormonothérapie substitutive antitestostérone. Ils restent avec leurs attributs masculins mais deviennent, non pas des ‘femmes’ (et pour cause !) : ils appartiennent dorénavant au ‘genre féminin’ ; exactement comme moi-même, puisqu’il est question de supprimer - c’est leur combat actuel - la référence au sexe biologique sur les papiers d’identité.
La Résolution 1728, votée le 29 avril 2010 par le Conseil de l’Europe, stipule - dans son alinéa 16.11.2 - que les États membres doivent garantir le droit aux personnes transgenres à obtenir « des documents officiels reflétant l’identité de genre choisie, sans obligation préalable de subir une stérilisation ou d’autres procédures médicales comme une opération de conversion sexuelle ou une thérapie hormonale. »
L’intrusion des trans - non opérés et non traités médicalement - dans la représentation féminine de l’humanité, est une erreur gravissime, qui défie le bon sens scientifique. »

Bon alors là on a de la redite par rapport au texte précédent, pas vraiment besoin de développer je pense (j'avoue, je suis un peu blasée). On peut juste noter qu'elle parle encore des MtF au masculin (quelle gentillesse) et aussi le point "appel au bon sens", une sorte d'argument d'autorité pouvant faire passer tout et n'importe quoi (les contradicteurs et contradictrices apparaissant alors comme dénué-e-s de ce sacré bon sens).

 

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Hey, ce serait pas un peu transphobe comme image?

« Ils (‘elles’) revendiquent des droits qui ne sont pas ceux que les femmes souhaitent obtenir. Par exemple, ils sont adeptes de la prostitution et de la pornographie, fléaux contre lesquels des féministes luttent farouchement. »

J'ai choisi cette image car je retrouve qu'elle va bien avec cette phrase niveau transphobie (mais j'y reviendrais).
Comme mon texte parle surtout transphobie je vais essayer de ne pas trop faire de hors sujet en parlant prostitution, porno ou BDSM.
Ici Michèle Dayras justifie sa transphobie par le fait que les MtF défendraient des droits que les femmes ne souhaitent pas. Elle donne en exemple la prostitution et la pornographie dont les trans seraient adeptes, des sujets qui font polémique au sein des féminismes. Michèle Dayras et le site Sisyphe ont une position dite abolitionniste (opposé à la prostitution, au porno et au BDSM) mais cette position n'est pas partagée par l'ensemble des femmes (cis ou trans), ni même par l'ensemble des féministes.
Michèle Dayras laisse cependant entendre ici que les femmes seraient toutes opposées à la prostitution ou à la pornographie alors que les MtF seraient toutes partisanes de ces deux choses. Car voyez-vous les trans MtF ne sont pas des femmes. D'ailleurs de quoi parle Michèle Dayras quand elle dit que les MtF sont "adeptes" de prostitution?
Parle-t-elle du fait que les MtF ont des difficultés à trouver un emploi, que les équipes dites officielles ont des critères de sélection pourris à cause desquels la plupart des trans se retrouvent plus ou moins livrées à elles-mêmes et que certaines choisissent alors de se prostituer?
Je pense que le message de Michèle Dayras et de Spermufle peut se résumer ainsi :
Les trans MtF sont des hommes, ou des trucs du genre (devrais-je dire du gender) en tout cas pas vraiment des femmes.
Comme ces féministes ne considèrent pas les MtF comme des femmes ils et elles voient les prostituées trans d'avantage comme des "adeptes" de la prostitution plutôt que comme victimes (contrairement aux prostituées cisgenres). 
Enfin comme les prostituées MtF sont vues comme des hommes "adeptes" de la prostitution ces féministes considèrent qu'elles sont illégitimes pour parler du vécu des prostitué-e-s. Pratique pour réduire au silence une part de la population prostituée.

 

« La théorie du ‘genre’ (et des ‘genres pluriels’ !) est aussi fumeuse que l’est le créationnisme vis-à-vis de la Théorie de l’évolution de Darwin. Elle a pour finalité d’occulter la notion scientifique de sexe biologique. »

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@(OoO)@ Wait... WHAT?

Bon, même si la comparaison de Michèle Dayras est complètement nulle il y a quand même des choses à en retenir.
D'abord le fait de comparer le genre à une religion, une chose reprise par les antis-gender, par exemple les députés UMP qui en parlent comme d'une secte, ou Cathy Brennan qui se définie comme athée du genre.
Ensuite le fait d'opposer études de genre et sciences. Autre chose que l'on retrouve souvent chez les antis-genre, présenter les études sur le genre comme une sorte d'hérésie qui nierait une réalité scientifique (la biologie).
Ca montre qu'au final Michèle Dayras a écrit un texte sur un sujet qu'elle ne connaît pas car (comme je l'ai dis quand je critiquais Bernard Debré) les études de genre ne nient pas l'existence de différences biologiques, elles se questionnent sur ces différences mais elles remettent surtout en cause le rôle de ces différences dans les distinctions sociales hommes/femmes et les justifications essentialistes du sexisme.
Si vous voulez vous renseigner un peu plus sur le genre je connais un très bon blog sur lequel vous pouvez vous balader.

 

« "(…) envisager l’abolition des catégories sociales "homme" et "femme" qui, comme les catégories raciales, n’ont d’autre raison d’exister dans le domaine social que pour maintenir l’oppression de l’une par l’autre." [FEM 2011 : « Rencontres féministes d’été » organisées à l’initiative d’Osez le féminisme.]
"Des voix de plus en plus nombreuses parlent depuis plusieurs années de féminisme de la troisième vague qui vise à mettre en pratique l’abolition des genres et tout particulièrement l’abolition de la binarité. Les féministes "queer" parlent de genres fluides ou pluriels et propulsent la problématique issue des mouvements trans au cœur des luttes féministes comme un horizon à atteindre, pour le moment utopique mais permettant d’ouvrir des perspectives vertigineuses pour espérer sortir de la domination masculine en sabotant de l’intérieur la construction binaire du genre. (…)" [FEM 2011 : « Rencontres féministes d’été » organisées à l’initiative d’Osez le féminisme.]
"L’intégration de l’approche genre dans les programmes de développement est basée sur le constat qu’en raison de facteurs historiques et socialement construits, les femmes et les hommes ont des besoins, des priorités et des contraintes différentes. L’intégration transversale du genre consiste à prendre en compte ces situations différenciées afin que chacun puisse bénéficier à égalité des fruits du développement. » Ministère des Affaires étrangères et Européennes, décembre 2010.
Cette manière d’appréhender et d’analyser les rapports ente les sexes, crée des circonstances atténuantes pour les oppresseurs masculins, diluant leur culpabilité, et allant même jusqu’à nier leur implication -pourtant unique et primordiale - dans les multiples atrocités et toutes les barbaries qu’ils ont commises à l’égard des femmes. Cf.mon article, non exhaustif : « Les Femmes demandent réparation »
Cette nébuleuse linguistique fait abstraction des rapports de domination qui existent entre les sexes. Elle accorde aux hommes le statut de victimes, à l’instar des femmes. Ils n’auraient été que les pauvres victimes d’un environnement difficile et d’un contexte socioculturel traumatisant. Ils seraient opprimés par l’Ordre Établi, au même titre que les femmes. »

Oppresseur
Denis Colombi, oppresseur qui en a conscience

Je ne vais pas me faire des ami-e-s en disant cela mais les hommes aussi sont des victimes du patriarcat.
C'est le patriarcat qui impose aux hommes d'être virils, de ne pas pleurer, d'être forts, dominants, etc. Bien sûr ce sont des victimes privilégiées, ils ne sont pas à plaindre par rapport aux femmes, mais nier leur condition de victimes c'est considérer que le patriarcat les laisse libre d'agir comme ils le veulent. Dans une société sexiste l'homme est tout autant prisonnier que la femme, la seule différence c'est que sa prison est dorée et qu'il a des prisonnières à son service.
D'après Michèle Dayras parler de genre plutôt que de sexe donnerait des circonstances atténuantes à l'oppresseur masculin. Il va de soit que je ne suis pas d'accord. Dire que les différences sociales hommes/femmes sont d'avantage le fait d'une éducation genrée des individus et ne doivent rien ou presque au biologique renforce à mes yeux la culpabilité des hommes en tant que classe dominante, avec les études de genre pas d'excuse semi-divine pour se tirer d'affaire.

 

« Minutieusement élaborée, la dictature du ‘genre’ a pour effet de rendre caduque la dénonciation des fondements de l’oppression masculine, et de décrédibiliser et contredire les notions que nous avions mises au jour, décrites et exploitées depuis les années 70 : le système patriarcal ; la domination masculine ; le pourvoir mâle ; le sexisme.
Tout ce que nous avions dénoncé, et contre lequel nos luttes féministes ont porté, est balayé par la théorie du ‘genre’. Exit le patriarcat. Exit le pouvoir masculin. Exit le sexisme qui en découle. Les hommes sont déresponsabilisés de tout ce qu’ils ont infligé aux femmes au cours des siècles !
Pourtant chaque femme reste opprimée, d’autant que son anatomie et sa physiologie la transforment en proie facile :

  • À cause de son utérus et de la maternité qui l’enferme et l’aliène depuis des millénaires,
  • À cause de son vagin et du viol, de la pornographie, de la prostitution, pour satisfaire aux fantasmes masculins,
  • Par son statut d’infériorité, déposé sur un plateau le jour même de sa naissance, cela, un peu partout dans le monde… »


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Florent Verschelde, un autre oppresseur qui en a conscience

En quoi le genre (pardon, la dictature du genre) rendrait-elle caduque la dénonciation du sexisme et du patriarcat?
En quoi cela balaye les réflexions féministes passées?
Comme je l'ai dit plus haut les études de genre s'intéresse au caractère culturel des rapports hommes/femmes, le seul féminisme auquel la notion de genre cause du tort c'est le féminisme essentialiste. Mais c'est peut-être ça qui gène Michèle Dayras. Je tends à le penser quand je lis juste après que si la femme est opprimée c'est à cause de son corps. Pas à cause d'une éducation genrée et patriarcale de la société mais à cause de la biologie.
Ce n'est pas le culte de la mère-épouse (pour être heureuse trouve-toi un prince, épouse-le et fait-lui des mômes nous disent les comptes de fée) qui enferme et aliène la femme mais son utérus et la maternité. Ce n'est pas la culture du viol qui oppresse les femmes et les mets en danger mais leur vagin et les désirs masculins.

 

« Après deux cents ans de luttes acharnées pour sortir du Code Napoléon, la constatation de ce ‘retour de bâton’ me met mal à l’aise et me rend dubitative quant à la volonté des hommes de voir les femmes accéder à l’égalité. L’un d’eux n’a-t-il pas dit : « Quand elles seront nos égales, elles nous seront supérieures. » ? Et d’ailleurs : 
Qui dirige le monde ? Les hommes ET les femmes, ou LES HOMMES SEULS ? 
Qui possède tous les POUVOIRS : politique, économique, militaire, judicaire, financier, intellectuel, religieux ? Les hommes ET les femmes, ou LES HOMMES SEULS ? 
Les hommes n’ont-ils pas été jusqu’à inventer un dieu à leur image, quand ils ont pris le pouvoir sur les femmes, il y a environ six mille ans ? »

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La manif dite pour tous, mouvement féministe?

Je ne suis pas dubitative quant au manque de volonté des hommes (en tant que classe dominante) de voir les femmes accéder à l'égalité, je n'ai même pas besoin de citer Sacha Guitry pour en douter. Comme l'a dit Roselyne Bachelot (face à Alain Soral dans l'émission "C'est mon choix") les hommes ont raison d'avoir peur du féminisme car la lutte pour l'égalité hommes/femmes c'est la lutte contre les privilèges masculins et en apparence ils ont tout à y perdre. C'est à nous, féministes, hommes et femmes, cis et trans, de leur montrer qu'en fait ils ont tout à gagner à vivre dans une société d'égalité.
Pour Michèle Dayras parler de genre revient à retourner vers le code Napoléon, pourtant les homophobes de la manif dite pour tous, celles et ceux qui organisent des prières de rue contre l'IVG (SOS Tout-Petits), ceux et celles qui sont pour restreindre le droit au divorce (SOS Papas), utilisent le même épouventail-gender pour dire qu'il ne faut pas toucher au code civil (ex code Napoléon).
Le Gender serait une chose néfaste au point de réunir des féministes à tout ce qu'il y a de plus opposé à l’émancipation des femmes ?
Après tout il semble avoir réconcilié Simone Veil et les antis-IVG au nom de la différentiation et de la complémentarité homme/femme.

 

« Il est impératif d’étudier l’origine et les causes de leurs actes criminels, perpétrés sur les femmes au cours de l’évolution du patriarcat, si l’on veut mener un combat efficace pour changer la société et accéder à une véritable égalité entre les sexes.
En mettant sur le même plan les discriminations qui touchent le ‘genre féminin’ et celles qui atteignent le ‘genre masculin’, on éloigne les jeunes générations de la notion de sexisme et de l’implication de la domination masculine. Avec cette stratégie, dans peu de temps le sexisme n’existera plus et l’oppression des femmes par les hommes non plus ! La ‘guerre des sexes’ disparaîtra dans les oubliettes de l’histoire avant même s’y avoir figuré, et le militantisme des femmes pour leurs droits deviendra obsolète.»

"Etudier l'origine et les causes de leurs actes criminels, perpétrés sur les femmes au cours de l'évolution du patriarcat" c'est justement ce que permettent les études sur le genre. Grace à elles les féministes ont des pistes pour combattre le patriarcat et avancer vers l'égalité homme/femme. Mais pour plusieurs raisons Michèle Dayras semble ne pas accepter et l'outil et ses conclusions.
La fin de ce passage me fait réellement peur, Michèle Dayras semble craindre la disparition du sexisme et de l'oppression des femmes par les hommes. Que le militantisme des femmes pour leurs droits devienne obsolète. Mais n'est-ce pas cela le but du féminisme?

 

GENDER
 Attention : Le "Gender" apprend aux filles à faire joujou avec les grues!

« Le ‘backlash’ à la française, c’est-à-dire le retour en force du masculin sur le devant de la scène, a commencé avec la création de la Condition paternelle et de SOS Papa dans la décennie 90. Dès les années 2000, sont apparus les discours masculinistes qui polluèrent nos forums de discussion. 2010 a vu naître la législation contre les violences - tant attendue par les Françaises - qui a pris en considération les hommes battus, sous la pression des lobbys des pères, à égalité avec les femmes victimes. Les trans clôturent cette période réactionnaire contre la gent féminine, avec leur vibrant plaidoyer pour la glorification et la sanctification du ‘genre’.
D’après ces machos de tous bords, la domination masculine doit être oubliée, ignorée, pardonnée, amnistiée. (Patric Jean, le réalisateur du film qui porte ce nom, n’a-t-il pas reçu de nombreuses menaces de mort ?). Ce que les féministes de la première heure étaient arrivées à décrypter, analyser, expliquer, sur l’exploitation des femmes par les hommes, s’avère désormais proscrit, interdit de paroles et banni des écrits.
Malgré cela - ou à cause de cela - le pouvoir patriarcal perdurera. Il avancera masqué. Il trouvera de nouvelles potentialités pour se renforcer en catimini et sortira vainqueur, une fois de plus, par la faute de cette délirante dérive linguistique dont trop de femmes ne mesurent pas l’extrême gravité.
Les hommes auront gagné cette nouvelle bataille et les femmes seront les grandes perdantes de cette manipulation syntaxique. »

On arrive au bout de la critique des textes de Michèle Dayras, enfin.
Et on termine comme on a commencé, les trans MtF sont des machos partageant le but des groupes masculinistes, Michèle Dayras nous le dit ici, les trans sont des ennemi-e-s du féminisme voulant imposer leur gendereligion (glorifier, sacraliser).
Michèle Dayras semble croire que nous n'enseignerons pas ce qu'est le patriarcat. Elle se trompe, l'histoire des féministes est importante et nous l'enseignerons.
Et nous n'oublierons pas de dire qu'il y a eu des féministes transphobes.
Nous n'oublierons pas non plus de parler des féministes lesbophobes, chose qui semble avoir disparu de l'histoire des féministes.
Nous n'oublierons pas les féministes racistes.
Nous n'oublierons pas les féministes capitalistes.
Et nous ne pardonnerons ni les discriminations ni les insultes faites au nom de l'égalité homme/femme.
 

FaceBranch
Enfin fini, maintenant dodo... quoi? Pas encore fini?

 

8 mars : Journée internationale de la lutte pour les droits des femmes cisgenres?

Petite pause pour dire que j'écris ce texte le 8 Mars (je pense le publier au plus tôt le 9), journée internationale de la lutte pour les droits des femmes.
De toutes les femmes?
Combien d'assos féministes parleront de la lutte contre la lesbophobie?
Et combien pour parler de la lutte contre la transphobie?
Qui pour parler de CéCé McDonald, emprisonnée pour s'être défendue?
Qui pour parler de Cassandra, qui a été assassinée?
Qui pour parler de Karima et Nathalie, qui se sont suicidées?
Qui pour penser à ces femmes là?
Quelles féministes iront dire que lutter pour les droits des femmes c'est aussi lutter pour les trans?
Qui pour dire qu'on ne peut pas lutter contre le sexisme en acceptant d'autres formes de discrimination?
La Licorne Déviante le fera, le Collectif 8 Mars pour toutes le fera. Qui d'autre?
Trans, gouines, non-blanches, putes, toxicos, voilées, ... le 8 mars doit être la journée des droits de toutes les femmes et pas de quelques unes.

 

Essentialisme :

Le plus problématique pour moi c'est l'essentialisme. Les propos et discours qui ramènent le masculin et le féminin à quelque chose d’innée, de l'ordre de la nature.

Cela me pose des problème en tant que meuf trans et féministe.
Je suis née mâle mais je me sens femme du coup est-ce que quelqu'un se serait trompé d'essence en faisant le plein de mon réservoir?
Je dois avouer une chose, ça me fait un peu flipper d'imaginer qu'au final il y aurait un quelque chose de quasi-mystique qui aurait joué pour qu'aujourd'hui je sois femme. Me dire que ça vient de mon environnement, de mon éducation, de mon vécu je trouve que c'est quand même beaucoup plus rassurant et plus logique aussi.

S'il y avait une véritable différence de nature on pourrait facilement définir une frontière entre le masculin et le féminin pourtant ce n'est pas le cas. Même quand on s'intéresse à la question biologique on se rend compte que ce n'est pas si simple que ça.
Il y a UN chromosome de différence entre un individu XX et une personne XY, sur 24 paires de chromosomes, sur 48 chromosomes il y en a UN qui diffère et on voudrait me faire croire que ce simple chromosome justifie une différentiation entre homme et femme?
Génétiquement je suis vraisemblablement plus proche des femmes de ma famille que de n'importe quel homme n'y appartenant pas, du coup les excuses biologiques ont bon dos.
Le rôle des hormones?
Mais aujourd'hui mon taux hormonal est peut-être plus proche de la "norme" féminine que celui de certaines femmes cisgenres et je n'ai pas l'impression d'avoir énormément changé psychologiquement (et je pense que les rares changements sont d'avantage le fait d'avoir réussi à avancer que le fait des hormones).
L'influence des hormones dans la formation des cerveaux?
Avant la puberté les différences de taux hormonaux entre un individu XX et une personne XY sont plutôt faibles pourtant des différences de comportement social sont déjà visibles. Et il ne faut pas oublier le fait que notre cerveau est capable de se modifier par l’expérience, c'est ce qu'on appelle la neuroplasticité. Pas convaincu-e?
Alors peut-être que Catherine Vidal vous convaincra mieux que moi.

L'essentialisme me pose aussi problème en tant que féministe. Si on considère que les femmes et les hommes ont des natures différentes on justifie alors qu'il y ait un traitement différencié des sexes. Au final le féminisme essentialisme ne peut pas lutter pour une égalité hommes/femmes vu qu'il part d'un postulat selon lequel il existerait une inégalité "naturelle" (remise en cause ci-dessus).

Mais le mouvement RadFem est-il un mouvement essentialiste?
Historiquement (si j'ai bien compris) le féminisme radical s'est construit en critique d'un féminisme reformiste (d'où le terme "radical") et essentialiste. De même il semblerait que le féminisme essentialiste ait aujourd'hui une faible influence du coup où est le problème?

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A propos les femmes trans sont socialisées en tant que mâle

Le problème vient, à mon avis, d'une certaine vision du constructivisme tendant vers l'essentialisme.
Je m'explique. Le constructivisme est le contraire de l'essentialisme, c'est considérer que les différences hommes/femmes ne sont pas le fait d'une nature mais d'une construction sociale.
Hors même si elles emploient le terme de sexe plutôt que celui de genre rien n'indique que Michèle Dayras ou Cathy Brennan soient essentialistes. Au contraire pour Cathy Brennan le tweet ci-dessus laisse plutôt penser qu'elle est constructiviste.
Le problème est dans la vision qu'elle et d'autres RadFems ont du constructivisme.

Leur raisonnement semble être que, puisque née de sexe masculin, j'aurais été conditionnée pour devenir un homme et que ce conditionnement a forcement fonctionné, donc je suis un homme.
Je ne nie pas être née de sexe masculin, là dessus nous sommes d'accord. Pour ce qui est du conditionnement social je suis déjà un peu plus réservée, il faudrait prendre en compte de nombreuses choses dans mon vécu, leur influence, je ne suis au final pas si sûre d'avoir été conditionnée pour être un homme. Et je suis certaine que de toute façon ce rôle ne me convenait pas du coup le conditionnement a dû foiré quelque part. D'aussi loin que je me souvienne l'étiquette "Masculin" m'a toujours démangée, jusqu'au jour où je l'ai arrachée pour mettre à la place l'étiquette "Féminine" je me suis sentie mieux, plus à l'aise, plus moi-même. Et quand j'ai commencé à vivre en femme on m'a très vite conditionné pour que je soit meuf, on m'a appris à avoir peur de l’extérieur (ici ou ), on m'a dit que j'avais l'air d'une pute, on m'a appris à être une femme.

Voilà le problème avec le constructivisme de certain-e-s RadFems (dont Brennan), il semble y avoir une considération selon laquelle naître avec un pénis ou un vagin va être déterminant dans la façon dont on va être socialisé-e et qu'on final il ne peut y avoir de ratés. Comme si il n'y avait au final que deux formes de construction possibles et qu'elles menaient toutes aux deux mêmes résultats.
Pourtant si on considère (comme ça semble être le cas pour Cathy Brennan) que le conditionnement social est une chose sans failles comment expliquer qu'il y ait des féministes?
Les femmes ne sont pas conditionnées pour être féministes. On nous apprend, à nous les femmes, à accepter d'être dominées, à accepter d'être des inférieures, à ne surtout pas hausser la voix, à obéir. Et pourtant certain-e-s se rebellent, et pourtant il y a des féministes, preuve que le conditionnement ne fonctionne pas à coup sûr.

Au final cette vision du constructivisme revient presque à dire qu'il n'existe qu'une seule sorte d'hommes et qu'une seule sorte de femmes. Ce qui conduit à un deuxième souci, le fait de ne pas prendre en compte la question de l'intersectionnalité et à considérer que leurs féminismes serait universel.

 

Intersectionnalité :

Alors qu'est-ce que c'est que l'intersectionnalité?
Si vous n'en avez pas la moindre idée c'est que vous n'avez pas lu lien ci-dessus. C'est pas très bien (sans blague, ce blog est à lire et relire). Bon alors je vais essayer de vous expliquer ça simplement. Peut-être avec un dessin.

 

Intersection

Pour le dessin j'ai simplifié à trois classes dominées, les femmes en rouge, les prolétaires en jaune et les non-blanc-he-s en bleu. J'aurais pu ajouter les homosexuel-le-s, les bi-e-s (à distinguer des homosexuel-le-s car c'est une forme différente d'oppression et les bi-e-s ont parfois à souffrir de discriminations aussi bien par des hétéros que par des homos), les trans, les handicapé-e-s, etc.
On peut voir que les couleurs se superposent, le rouge et le jaune donnent du orange pour les femmes prolétaires, le jaune et le bleu donnent du vert pour les prolétaires non-blanches, le bleu et le rouge donnent du violet pour les femmes non-blanches et à l'intersection des trois nous avons du noir pour les femmes non-blanches prolos.
Maintenant vous pouvez imaginer ce que cela aurait donné si j'avais ajouté toutes les autres formes de dominations.

Pour moi l'intersectionnalité s'est ça, c'est prendre en compte toutes ces intersections.
Quand on est féministe ignorer certain-e-s intersections (ou toutes) revient à ignorer certains privilèges (ou tous) et à militer pour l'égalité hommes/femmes à oppression égale, voire militer pour l'égalité homme/femme au sein d'un groupe dominant.

Certain-e-s féministes radicales ont tendance à dire que l'oppression principale est la domination des femmes par les hommes, de fait ils et elles négligent d'autres formes de domination.
On peut le voir quand Michèle Dayras dit ceci : 
"La première exploitation, à l’origine de toutes les autres, est le sexisme." (dans le texte Genre ou sexe ce qui n'est pas nommé n'existe pas). Même si l'influence de Michèle Dayras, que ce soit à l'international ou dans les pays francophone est négligeable son discours ne doit pas être ignoré car on le retrouve chez certaines féministes (sous différentes formes) et il revient à nier l'intersectionnalité et à considérer le combat féministe comme prioritaire car régler les questions d'inégalités hommes/femmes reviendrait à régler toutes les inégalités.
C'est un discours que j'ai pu entendre ailleurs. Au sein du PCF j'ai parfois pu entendre des communistes dire que le socialisme (celui de Marx plutôt que du PS) réglerait les problèmes de sexisme, d'homophobie, de racisme, etc. Comme si régler la question de l'exploitation capitaliste allait miraculeusement régler toutes les autres formes d'exploitation.

 

« Les questions de sexualité, de race, de classe et de genre sont intimement liées. »
Angela Davis (interview à lire absoluement)

Bien sûr on peut (et on doit) se questionner sur l'intersectionnalité. Il est normal d'être critique sur le sujet. Je comprends un peu les féministes qui émettent des réserves et se demandent si au final les combats féministes ne seront pas oubliés en route.
Je comprends ces réserves car en tant que meuf trans non opérée je les partage parfois. Quand je vois comment une majorité de féministes cisgenres traitent les trans, quand je vois comment une majorité de LGB cisgenres traitent les trans, quand je vois comment certain-e-s trans traitent d'autres trans (établissant une hiérarchie en fonction des choix fait dans la transition), je ne peux m'empêcher de craindre que les trans soient oublié-e-s en route. Mais je ne me vois pas faire un choix dans mes luttes, car je ne supporte aucune forme de discrimination car « abattre une domination isolée des autres [...] c'est comme couper un seul tentacule du Cthulhu » (citation de Tanxxx dans ce texte sur la convergeance des luttes). Bien sûr je milite d'avantage féminisme et LGBT, car en tant que meuf trans c'est là dedans que je me sens la plus apte, la plus légitime aussi, mais je ne peux pas ignorer les autres formes d'oppressions.

La négation (plus ou moins assumée) de l'intersectionnalité par des féministes me pose problème.
D'abord le fait de considérer que tout homme est dominant et toute femme dominée.
Si on ne regarde qu'à travers le prisme du sexisme c'est vrai mais ce n'est pas la seule forme d'oppression. Une femme pourra être dominante et un homme dominé si on change de grille de lecture. Il faut arrêter avec le manichéisme de la femme forcement opprimée, forcement victime et de l'homme forcement oppresseur, forcement coupable.
Ce n'est pas si simple que ça.
Et je pense que c'est à cause de cette vision manichéenne des choses que certain-e-s féministes en viennent à rejeter les trans, surtout MtF. Car nous (MTF) sommes nées mâles et avons grandit pendant un temps plus ou moins long comme "garçons" (parfois assez efféminées, attirant des réflexions homophobes, mais pas toujours) nous ne pourrions pas comprendre ce que c'est d'être opprimées en tant que femmes. Mais papatriarcat nous fait payer le fait que nous ayons voulu vivre en tant que femmes, il nous donne des cours accélerés. Et je pourrais m'attarder sur les oppression que nous subissons à cause de la domination cisgenre dire qu'aucun-e cis ne peut comprendre ce que c'est qu'être trans. Et on jouerait à "Qui est le ou la plus opprimé-e". On se rejetterait tou-te-s les un-e-s les autres et au final celles et ceux qui sont aux intersections se retrouveront isolé-e-s, minoritaires au sein de minorités. Et au final les hommes, blancs, bourgeois, hétéros, cis, non-handicapés... n’auront plus qu'à sortir le pop-corn pour nous regarder nous cogner dessus entre dominé-e-s.
Il faut en finir avec les féminismes cis-sexistes. Arrêter de rejeter les trans des grilles d'analyses. Arrêter de croire que c'est secondaire. Car ça aussi c'est une forme de transphobie. Celle qui invisibilise les trans. Celle qui fait que certain-e-s vont jusqu'à rejeter les trans en toute impunité.

 

 

Conclusion : Transphobes les féministes?

Dire que les féministes sont transphobes serait stupide. Autant que si je disais que les jeunes de banlieue sont homophobes ou que les homosexuel-le-s sont racistes.
Cependant il y a des féministes transphobes. Toutes ne sont pas des Michèle Dayras ou des Cathy Brennan, avec une haine quasi viscérale des trans. La plupart sont juste des cisgenres qui n'y connaissent pas grand chose et qui du coup décident simplement d'ignorer la question et commettront certaines "maladresses" plus ou moins graves. (enfin c'est ce que j'essaie de me dire pour continuer à y croire un peu)
Il y a aussi certaines dérives possibles au sein des féminismes pouvant conduire à de la transphobie. Certain-e-s féministes ne voudront peut-être pas le reconnaître et préféreront ne pas remettre en question leur vision du féminisme. C'est leur droit mais je me donne aussi le droit de réagir quand j'en aurais assez. Car je suis femme, car je suis trans, car je suis féministe et car j'en ai marre de chialer quand je vois des femmes cis féministes nier leurs privilèges de cisgenres et considérer que ma bite fais mon genre.

Et les RadFems dans tout ça?
De ce que j'ai pu voir j'ai l'impression que beaucoup de féministes se reconnaissant comme RadFems sont transphobes. A différents degrés et j'ose croire que pour la majorité (mais je suis peut-être naïve) c'est juste par méconnaissance des questions Trans mais bon quand on sait que certaines s'opposent violement la présence de trans dans les marches en non mixité il y a de quoi s'inquiéter.
Il faut prendre en compte que c'est justement des RadFems qui sont les plus critiques à l'égard de l'intersectionnalité, considérant le sexisme comme la principale forme d'oppression.
Mais ce n'est pas pour ça que tout doit être jeté. En effet tou-te-s les RadFems ne sont pas transphobes (j'ose même espérer qu'il y a plus de RadFems non transphobes que ce que je crois).
Et puis si j'ai surtout parlé des RadFems c'est parce que c'est de là que vient la transphobie la plus violente, la plus ouverte. Cathy Brennan, une RadFem plutôt influente a quand même envoyé une lettre à l'ONU pour s'opposer aux droits des trans et présenter les MtF comme des monstresses (je me demande quelle tête elle a fait en apprenant ça). Jaurais aussi pu parler de la transphobie chez les queers, bien sûr ils et elles nous acceptent mais ce n'est pas pour ça que le milieu queer n'a pas parfois un côté transphobe (quand on impose aux trans d'être subversifs et subversives ou qu'on s'approprie leur identité par exemple).

Voilà, c'est la fin de ce très long texte écrit par une meuf qui n'y connait peut-être pas grand chose mais qui avait besoin de mettre ces critiques à plat.
J'espère que vous l'avez lu jusqu'au bout.
J'espère qu'il vous fera réfléchir.
J'espère qu'il vous aidera à prendre conscience de la transphobie présente au sein des féminismes.
Maintenant il ne me reste qu'à cliquer sur le bouton publier et à attendre la possible tempête.
J'ai la trouille, pas vous?

Koala

 


Post scriptum du 18 mars :

J'ai eu peur des réactions suite à ce texte mais au final j'en suis plutôt heureuse.
J'ose espérer que grâce à ce texte certain-e-s féministes seront plus attentives aux dérives transphobes.
Mais il y a encore du travail.

Pour illustrer ça je vais vous parler de Spermufle et de son meme avec un fond de transphobie (apportant mon point final à cette histoire).
Une de mes connaissances m'a passé le lien d'un forum où Spermufle réagissait à cette accusation de transphobie.
Il se défendait en faisant du cissplaining. Disant que ce n'est pas ça la transphobie, qu'en plus son meme attaquait personnellement Maîtresse Gilda (porte-parole du STRASS) et sa "non-représentativité". Du coup il insiste en disant qu'il n'y a là aucune transphobie, qu'il s'agit juste d'une attaque des pro-STRASS.
Énervée je tweet que ce mec cisgenre est une raclure de bidet et que oui, son meme est transphobe. 
Alors il en vient à m'attaquer plus personnellement pour me réduire au silence, je serais pro-STRASS et cela m'enlèverait toute légitimité pour parler de transphobie, de toute façon il est pas transphobe et ce n'est pas le message qu'il voulait que son meme transmette.
Sauf que, même si ce n'était pas intentionnel, il y a un fond de transphobie dans cette image. L'auteur du meme a représenté une trans (il semble qu'il ignorait alors que Maîtresse Gilda était travesti) sous les traits d'un personnage masculin et même s'il visait avant tout les Dominas on y retrouve en partie le stéréotype transphobe comme quoi les MtF prostituées seraient illégitime pour parler prostitution (car au final elles restent des mecs).
L'auteur du meme aurait pu présenter ses excuses, dire qu'il n'avait pas perçu la transphobie de son meme et j'aurais passé l'éponge. Là son attitude à base de cissplaining m'a donné envie de réagir. Ça et le fait que certain-e-s féministes en viennent presque à le consoler il est la victime, et moi je suis coupable pour avoir dénoncé le caractère transphobe de son meme.
Je n'ai jamais dit que les mouvements féministes étaient foncièrement transphobes mais qu'il y avait des dérives transphobes. Ce meme a un fond de transphobie, quand certain-e-s acceptent le cissplaining pour faire de son auteur une victime et ne pas avoir à répondre de sa transphobie c'est une dérive transphobe. C'est une forme de tolérance complice (comme quand Sisyphe publie les textes transphobes de Michèle Dayras). Heureusement il y a aussi des féministes (abolitionnistes) qui ont réagi en signalant ce qu'il y a de mauvais dans son meme et dans ses réactions. Et oui, toute "pro-STRASS" que je suis je sais reconnaître quand des féministes abolitionnistes ont de saines réactions face à la transphobie, de même que je sais critiquer la transphobie dans les mouvements dits pro-sexe.

En tant que féministes nous ne pouvons pas tolérer la transphobie, l'homophobie, le racisme, ou toute autre forme de discrimination. Nous ne pouvons pas rester silencieuses et silencieux quand certain-e-s disent que les questions trans sont secondaires, nous n'avons pas le droit de nous taire, nous n'avons pas le droit de fermer les yeux, nous n'avons pas le droit de dire qu'il s'agit d'une petite maladresse sans importance.
Car au final laisser passer une discrimination, même involontaire, c'est à mes yeux accepter le sexisme.
Si on accepte le cissplaining alors comment critiquer efficacement le mansplaining?
Si on tolère la transphobie, même involontaire, alors comment peut-on s'opposer à la misogynie?
Je ne vois pas mais peut-être suis-je trop aveuglée par mes "privilèges" trans pour m'en rendre compte.

 

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