Pourquoi l'analogie racisme/sexisme pue du cul?

« Si je suis raciste en disant que je suis noire, les hommes [lire les femmes trans] sont sexistes s'ils disent être des femmes.
Les situations sont identiques. »

Il y a un truc qui me mets hors de moi et que j'ai déjà lu trop souvent.
Ce truc c'est une analogie utilisée par certain-e-s (pro-)féministes transphobes pour justifier leur transphobie. Ce truc c'est quand ces (pro-)féministes comparent les trans (plus souvent les meufs trans) à des blanc-he-s qui se diraient racisé-e-s. On peut trouver ça avec différentes formulations mais pour résumer ça revient à dire que race et genre sont deux constructions sociales fonctionnement d'une même manière et qu'au final le racisme ne serait qu'un sexisme concernant les races (ou que le sexisme ne serait qu'un racisme concernant les genres).
Ce genre d'analogie pue. Ca pue tellement que je préfère renifler la litière de Menchi après qu'elle y ait déposé une de ces légendaires crottes atomiques que lire ce genre d'analogie.

Petit rappel : En tant que meuf trans blanche je ne suis pas la mieux placée pour critiquer cette analogie.
Je le serais d'avantage si les (pro-)féministes transphobes utilisaient d'une analogie tout aussi bancale avec les rapports de classes. Sauf que comparer les trans à des bourgeois-es qui abandonneraient leur capital car se sentant mieux en tant que prolo-tte-s c'est pas vraiment une comparaison qui permet de cracher sur les trans.
Il y a des trans mieux placé-e-s que moi pour critiquer cette analogie. Par exemple je vous conseille ce blog. En tant que trans blanche je suis privilégiée, je peux plus facilement prendre la parole que João, c'est l'un de mes privilèges de blanche.
En tant que blanche je vais certainement dire de la merde sur les questions de racisme. C'est pour cela que je ne vais pas vous faire un long pavé, je vais éviter de parler du racisme et essayer de vous dire pourquoi je trouve les analogies d'oppressions néfastes.

Les genres sont des constructions sociales.
Les races sont des constructions sociales.
Et?
Quand on a dit ça on a rien dit.
Enfin si, on a dit que les discriminations sexistes et racistes n'ont aucun fondement "naturel".
Mais à part ça?
Si on considère que toutes ces constructions sociales fonctionnent de la même manière je pense qu'il y a un problème. Pour moi on s'éloigne alors d'une réflexion intersectionnelle pour se rapprocher d'un réductionnisme selon un axe d'oppression (par exemple le sexisme) qui permettrait de comprendre tous les autres. C'est mettre ses réflexions sur Word, faire un Ctrl+F et remplacer "homme" par "blanc", "genres" par "races", "sexisme" par "racisme".
Dans l'introduction d'une conférence sur genres et races Christine Delphy explique qu'elle ne mentionnera pas les rapports de classes car jongler avec trois balles (races/genres/classes) c'est plus difficile qu'avec deux balles. Et elle a raison. Jongler avec plusieurs balles c'est dur et le plus simple avec les choses difficiles c'est de les rater (merci Dorian pour la citation).
Faire des analogies douteuses entre différentes oppressions, c'est un peu jongler avec une seule balle (et prétendre que cette seule balle c'est un peu toutes les balles à la fois) et niveau réflexion intersectionnelle c'est raté.

Si vous voulez parler de genre alors parlez de genre. N'utilisez pas d'analogies foireuses pour justifier votre transphobie.
Les trans racisé-e-s sont plus touché-e-s par la précarité-e-s. Iels risquent d'avantage d'être agressé-e-s, d'être tué-e-s et tout cela dans le silence complice des médias.
Quand certain-e-s utilisent des analogies bancales genres/races pour justifier leur transphobie iels placent ces trans entre le marteau et l'enclume.

«De plus, il y a très peu de trans racisé-e-s. Je me demande pourquoi.»

Peut-être car il est plus facile pour les trans blanc-he-s de s'exprimer?
Les trans racisé-e-s existent, nous devons les écouter (Deux blogs pour commencer, Chronik d'un nègre inverti pour les francophones, Transgriot pour les anglophones).

Koala

PS : Quand Martin Dufresne utilise cette analogie et regrette que les féministes cis n'aient pas de couteaux