Mise à l'écart ?

Ce texte peut-être vu comme une introduction à un texte sur la place des trans dans le féminisme et le militantisme LGBT.
Attention mes koalamis ça risque d'un peu bader.

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Je suis membre d'une association LGBT depuis juillet.
Je vais aux réunions trans chaque mois (en même temps j’apprécie vraiment F. et du coup ça me fait du bien de le voir lors de ces réunions), je donne des coups de main de temps en temps, depuis mai je vais aux conviviales (réunions où chacun apporte de quoi manger et on partage). Cette asso a des qualités, des défauts aussi, mais globalement je l'aime bien. Ou plutôt je l'aimais bien ?
Je sais pas trop car je l'apprécie toujours mais j'ai juste l'impression de ne pas y avoir de place.
Et pas seulement car leur façon de militer ne me convient pas vraiment, pas seulement parce que j'ai tendance à être plus jeune que la plupart des membres mais surtout car je suis trans. Dans les réunions trans ça va (encore heureuse) mais au milieu des LGB ça ne va pas (plus ?) car à chaque fois il y a cette impression d'être à part.

Pour que vous compreniez je vais vous raconter une histoire.
Le mois dernier je suis allée à la rencontre femmes (ouverte à toutes, lesbiennes ou hétéros, trans ou cisgenres). C'était la première fois que j'y allais, même si on m'avait dit que je ne serais pas rejettée j'avais toujours cette angoisse d'être un peu à l'écart. Mais j'ai pris mon courage à deux mains et j'y suis allée.
Et c'était cool, on a bien parlé et tout. Sauf qu'il y a eu un petit truc et que ce petit truc me démange entre les omoplates.
Ce soir là il n'y avait que des femmes que je connaissais déjà, membres de l'asso et une jeune femme de 19 ans qui venait pour la première fois.
En une soirée elle a réussi à plus s'intégrer que moi en plusieurs mois. On lui a proposé de participer à un club de lecture entre femmes, à des soirées entre femmes, et d'autres choses qu'on lui proposait "naturellement" alors que moi j'ai l'impression de devoir lutter pour les mêmes choses.
Et oui, je pense que la raison pour laquelle elle s'est mieux intégrée c'est parce qu'elle est cis et que moi je suis trans.
Certain-e-s vont peut-être se dire que je suis un peu paranoïaque mais plus j'y réfléchis et plus j'ai l'impression que c'est ça qui bloque un peu.
J'ai essayé de me dire que ça pouvait venir d'autre facteurs mais lesquels ?

Sur la page Facebook de cette association
« Objectifs : rompre l'isolement des homosexuelLEs, lutter contre les discriminations et l'homophobie, promouvoir la visibilité LGBT, faire respecter les droits, réunir les énergies militantes. »
L'homophobie est mentionnée, pas la transphobie.

On peut dire que je vois le mal partout mais ces deux choses me donnent la sensation d'être invisible.
Ca me donne la sensation de devoir faire mes preuves car je suis née avec un pénis.
Bien sûr ce n'est pas fait avec l'intention de faire mal aux trans en général (ni à moi en particulier) mais au final c'est le cas.

Demain il y a une autre rencontre femmes... Je ne sais pas si j'irais.
Demain il y a une autre conviviale... Je ne sais pas si j'irais.
Je ne sais pas si j'ai le courage de retourner dans cette asso.
Je ne sais pas si je l'aime encore.
Je suis fatiguée de devoir lutter pour être acceptée dans le monde cis-hétéro.
Je ne sais pas si j'ai la force de lutter tout autant pour me faire une place dans un espace sensé être safer.

Sur ce je vais me coucher, bonne nuit mes koalamis

Koala @(°o°)@

Comments

[sampanthère]

Chère Koala,

D'abord sache je suis désolée pour toi que tu vives cette situation.

Je te livre les petites réflexions que ton texte a déclenché chez moi.

Quand je l'ai lu, il y a quelques semaines, ce texte m'a alertée intellectuellement (vous savez la petite lumière rouge qui s'allume dans le cerveau en disant "attention tu es en train de toucher quelque chose d'important sur ton propre fonctionnement") mais je n'ai pas réussi à savoir pourquoi. Et puis très récemment j'ai vécu quelque chose qui m'a un peu éclairée.

Je suis lesbienne assez queer sur les bords et, détail important dans le cadre qui nous occupe, j'ai eu 3 belles histoires avec des trans mtf (et je continue à être souvent attirée par des trans)

Donc quand on me parle de mise à l'écart des trans (ou de transphobie) dans le milieu asso LGBT, j'aurais toutes les raisons de ne pas me sentir concernée et pourtant je le répète ce texte m'a titillée.

Alors quoi ?

Et j'en arrive à mon expérience récente. Dans la grande ville proche de chez moi, j'ai rencontré dans le milieu associatif une trans. C'est une superbe femme (même si ce n'est pas genre), très ouverte intellectuellement et qui s'implique beaucoup associativement. Et puis il y a quelques jours, je la croise à une "réunion femmes" et je ressens un malaise. Et soudain j'ai compris la source de mon malaise : cette femme est hétéro.

Ce n'est pas sa transexualité qui me met mal à l'aise c'est son hétérosexualité ! Au quotidien bien sûr que non mais dans ce cadre, oui, je l'avoue son hétérosexualité faisait dire à une partie de moi, sa place n'est pas ici.

Moi quand je vais à ce genre de rencontres c'est pour un peu sortir de monde hétéro normé. Etre avec des femmes c'est une chose, être avec des femmes homo ou bi c'est complètement différent. J'ai envie (et j'ai besoin je crois) de ces moments. Cela peut paraître excluant, communautariste, tout ce qu'on veut (et ça l'est peut-être) mais comprenons aussi que les homo aient besoin de se retrouver entre eux par moment.

Alors (et là je pars dans des suppositions) mon propre fonctionnement est-il unique ? La mise à l'écart de trans dans le milieu LGBT viendrait-il du fait que CERTAINS trans sont hétéro ?

Je n'en sais rien mais ce qui est sur c'est que nous avons TOUS à faire des efforts pour accepter l'autre quelqu'il soit.

Je sais que je ne réponds pas à ton cas Koala, mais il me semblait important de témoigner ce que j'ai ressenti (d'autant plus, encore une fois, que je suis une lesbienne ayant aimé des mtF)